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Les Sables de l'Eternité

4 novembre 2011

Livre I : YANN

- Chapitre 1-

 

 

… L’homme subsiste après sa mort,

Ses actions en tas à son côté,

C’est pour l’éternité qu’on est là…

(Pensées du Pharaon Khety)

 


Comme les cercles d’un galet jeté dans l’océan

s’élargissent sur l’eau jusqu’à se transformer

en raz de marée capable de submerger tout un continent

alors que la pierre a disparu dans les profondeurs liquides, oubliée,

telle est la loi fondamentale et immuable du Karma,

la roue du destin qui régit la vie et les actions des hommes,

incarnant et réincarnant éternellement les âmes…

 

 

 

Le long ruban de plage scintillait sous la lune, immense tapis de diamants où l’océan venait se fondre avec la terre jusqu’à l’infini.

Yann regarda autour de lui, cherchant désespérément une présence vivante, humaine ou animale. Mais il n’y avait rien. Rien que la mer et du sable, pas même un palmier, un insecte, une pierre ou une branche morte. Rien. Seulement ce bruit qui emplissait l’air, insistant, métallique, lointain, rythmé… Quel étrange endroit, songea t-il intrigué, ses réflexes de reporter soudain aiguisés par la singularité des lieux. Etrange et pourtant familier. Je connais cette plage, je l’ai déjà vue mais elle était différente alors. Et ce bruit, je connais aussi ce bruit… Il baissa les yeux et les vit : des empreintes sortaient de l’eau et longeaient la grève. Des traces laissées par des pieds fins et nus, les seules traces du passage d’un être vivant dans ce décor minéral et désert. Il décida de les suivre.

 

Il ignorait depuis combien de temps il marchait. Une éternité. Le soleil, boule de feu, se levait sur l’horizon. Ces traces n’en finissaient pas, comme cette plage. Pourtant, il remarqua que le bruit paraissait se rapprocher. Oui, il devenait de plus en plus fort. Pour oublier la fatigue qui commençait à le gagner, il se concentra sur ce bruit, s’efforçant de l’identifier. Un raclement… non, une sorte de tintement, comme des morceaux de métal qui s’entrechoqueraient en cadence. Alors, il les aperçut : des chevilles fines cerclées d’une multitude d’anneaux d’or. Une femme marchait devant lui.

Presque fasciné, Yann suivit du regard le jeu des muscles des mollets qui se contractaient puis se relâchaient à chaque pas, rythmés par le tintement et le scintillement de l’or, les orteils ornés de bagues qui mordaient le sable humide avec une régularité de métronome. Il était si captivé par ces pieds qui bougeaient devant lui qu’il en oublia de surveiller où il posait les siens.  Il ne vit pas la racine contre laquelle il trébucha. Un ultime réflexe lui fit tendre les mains en avant comme il tombait. Il se reçut durement contre les paumes et cracha le sable qui lui était rentré dans la bouche.

Yann se rappela s’être, une fois déjà, retrouvé dans cette position humiliante, le prélude d’un cauchemar qui avait duré presque deux mois, mais il l’oublia bien vite. Alertée par le bruit de sa chute, la femme s’était arrêtée net. Il vit les pieds délicats pivoter et comprit qu’elle lui faisait maintenant face et l’observait.

Il se trouvait si près d’elle qu’il respirait son parfum ; un parfum où l’odeur du jasmin se mêlait à d’autres fragrances florales qu’il n’identifiait pas, bien - qu’elles aussi - lui semblent familières.

 Piqué par la curiosité, il poussa sur ses mains pour se redresser et pouvoir ainsi la voir tout entière mais suspendit son geste, gardant les yeux baissés sur les ongles irisés comme des coquillages, soudain étreint par une étrange et incompréhensible impression : celle d’être brutalement devenu maître de son propre destin, d’être passé du rôle passif de simple spectateur, à celui  d’acteur…

Les pieds de la femme se volatilisèrent alors brusquement, et saisi d’une brève sensation de vertige, Yann regarda autour de lui, incrédule et sidéré. Le décor s’était modifié ; la plage avait disparu. Il se trouvait à présent debout sur un sentier suspendu au-dessus du vide. Derrière lui, se déroulaient et s’entrecroisaient, telle une fantastique toile d’araignée, les méandres d’une multitude de chemins tortueux et étroits qui s’enfonçaient, disparaissaient dans une nuit impénétrable. Tous ces sentiers confluaient devant lui, venaient se rejoindre au même endroit avant de se scinder en une fourche formée de deux routes larges et rectilignes qui s’éloignaient en direction d’un horizon baigné de lumière, chacune vers une destination différente et inconnue. La femme mystérieuse s’était matérialisée au milieu de la voie de droite et paraissait l’attendre.

Ces chemins sombres et tourmentés - Yann le comprit instinctivement - représentaient sa vie passée, les voies dangereuses et sans issue sur lesquelles il s’était aventuré et égaré ; les deux routes lumineuses, larges et bien droites, symbolisaient l’avenir, le futur. Deux directions, deux choix possibles : celui de partir vers la gauche, de s’éloigner sans regarder en arrière, sans savoir qui était réellement cette femme et pourquoi elle apparaissait subitement dans sa vie, ou celui de s’engager sur la voie de droite pour la rejoindre. Un choix difficile et capital, car il pressentait qu’une fois sa décision prise, elle serait irrévocable ; il lui serait impossible de revenir en arrière.

 

Yann avait les pensées confuses. D’un côté, la raison lui conseillait d’ignorer l’apparition… Elle n’existe pas, ce n’est qu’une image créée par ton inconscient : la femme idéalisée dont tout homme rêve comme chaque femme rêve à l’homme idéal, au prince charmant des contes de fées de l’enfancePrends la voie de gauche ! Mais, autre part, dans les circonvolutions inconnues de son esprit, il percevait l’écho d’une autre voix familière. Une voix qu’il avait pris l’habitude d’écouter car ses avertissements lui avaient, plus d’une fois, sauvé la vie. La voix de l’intuition. N’écoute pas ta conscience, elle n’a pas de réalité vraie. Ce n’est qu’une construction mentale bâtie par l’éducation, basée sur des codes, des traditions et des croyances religieuses faussées car humaines donc faillibles. Oublie tout ce que l’on t’a appris, enseigné comme vérités… laisse-toi guider par ton âme et par ton cœur : cela seul a de l’importance, le reste n’est qu’illusion.

Illusion. Où se situait l’illusion ? Quelle route était la bonne ?

Yann observa longuement la silhouette immobile. Il était beaucoup trop loin pour distinguer les traits de son visage, mais il voyait flotter sa longue chevelure dans son dos, tout au bas de ses reins. Qui était cette inconnue ? Que représentait-elle pour lui ? Quand et où l’avait-il rencontrée ?

 Il se souvint alors de cette nuit où il avait failli mourir, du sang qui remplissait ses poumons et l’empêchait de respirer, des battements désordonnés et de plus en plus faibles de son cœur qui luttait pour survivre. Il avait senti l’ombre du néant l’engloutir. Une obscurité aussi épaisse que le cœur d’un trou noir, mais pourtant transpercée par le scintillement incandescent d’une unique étoile si lointaine qu’elle semblait inaccessible. Et pire que la nuit, la solitude. Une solitude si poignante et si totale qu’il avait brutalement compris : il était en train de mourir et ce gouffre ténébreux qui semblait l’attendre, c’était celui de l’anéantissement, les bras de la mort qui le tiraient en arrière. Alors la peur l’avait submergé, une peur primitive, animale, et il l’avait appelé. Il avait crié son nom avec les dernières forces qui lui restaient, et elle était venue. Yann avait senti sa présence invisible et rassurante à ses côtés. Mais quand il avait voulu la toucher, elle s’était doucement reculée avant de s’éloigner vers cette étoile minuscule si brillante.

Il avait voulu la rejoindre, mais une force phénoménale l’avait repoussé tandis qu’un ordre impérieux emplissait son esprit « Non ! Ce n’est pas encore le moment ! Retourne d’où tu viens ! ». Et, à nouveau, il s’était senti tiré en arrière, aspiré telle une brindille emportée par la fureur dévastatrice d’une tornade.

Il s’était réveillé dans les relents médicamenteux d’une chambre d’hôpital et avait ressenti les élancements de la souffrance : il était toujours en vie.

Cette femme qu’il avait appelée, c’était la même que celle qui l’attendait sur cette route suspendue dans le vide de ce lieu étrange cerné par l’océan symétrique du passé et de l’avenir, où le temps lui aussi semblait suspendu, où l’ombre la plus noire côtoyait la lumière la plus vive… Un monde impossible où tout paraissait possible.

Sans hésiter, il avança d’un pas sur la droite.

Sur sa gauche, l’autre route s’effondra brusquement en poussière et soulagé, il se dit qu’il avait fait le bon choix. Il se retourna pour jeter un dernier regard en arrière et se figea, les yeux agrandis d’épouvante. La trame tortueuse des chemins se désagrégeait de la même façon, en une pluie de poussière dorée dont les innombrables particules scintillaient dans la nuit comme des milliards d’étoiles. Une désintégration que rien n’arrêtait, qui avançait inexorablement vers lui. Au bord de la panique, il vit se dissoudre la route devant lui puis sous ses pieds et tomba.  Une chute interminable…

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4 novembre 2011

Pourquoi et comment...

Les antiques civilisations - Egypte, Aztèques, Incas... - m'ont toujours passionnée, peut-être parce que les constructions monumentales et magnifiques qu'elles ont laissées m'ont toujours paru irréalisables avec les si faibles moyens avancés par les archéologues dont elles disposaient. Des mystères et des légendes qui aiguisent l'imagination des écrivains et des artistes.

C'est ainsi que cette histoire est née, d'abord en projet sur le papier sous forme de bd, puis, au fur et à mesure que les idées venaient, sur l'écran de l'ordinateur, sous forme de roman.

Je ne me suis imposée aucune limite, aucune censure dans la rédaction : les scènes d'amour sont décrites avec les mêmes mots que les descriptions des personnages ou des paysages ; pas de circonvolutions littéraires tarabiscotées, j'appelle un chat un chat ! Mais que les "pervers" déjà tout émoustillés ne s'y trompent pas, ce n'est pas un roman porno, mais une histoire d'amour et d'aventure où les scènes érotiques font partie intégrante de l'histoire. Donc pour les amateurs de Hard, allez voir ailleurs.

Cette histoire se décline sous forme de 5 livres : livre 1 : Yann ; livre 2 : Orellana ; livre 3 : Syrus ; livre 4 : Orejona ; livre 5 : Bélial.

Voilà, je ne vous en dirais pas plus, je vous laisse découvrir le 1er chapitre.

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Les Sables de l'Eternité
  • J'ai toujours aimé l'histoire des anciennes civilisations, les légendes et les mystères qu'elles recèlent comme les mystères de la vie, de la mort et de la réincarnation, alors quoi de mieux que de les marier dans un roman.
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